XIXe-XXIe siècles
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En se mesurant à certaines représentations codifiées de la mort, l’œuvre de Chateaubriand témoigne à sa façon – dans les Mémoires d’outre-tombe en particulier – de l’ambivalence qui caractérise le concept de Vanités. Cet essai montre en effet comment celui-ci oriente la démarche testamentaire de l’écrivain ; constructions et destructions servent de paradigmes aux questions et aux tensions qui agitent l’œuvre. L’imaginaire de Chateaubriand, son esthétique et sa poétique se forment ainsi, à partir de la littérature, de la peinture, de l’archéologie, en un syncrétisme de traditions antiques, bibliques et classiques, qui permet à l’écrivain de se distancier de l’emprise obsédante de la mort et de l’envoûtement qui lui est associé. Dans une tension permanente entre fascination et ironie, dans une esthétique du mélange, de la rupture et du fragment, le mémorialiste érige son œuvre en monument et donne pour assise à son écriture le spectacle de la vanité du monde, dont la représentation même contient la dénonciation du caractère illusoire.
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«S’il prenait à un homme ambitieux l’envie de révolutionner, d’un seul coup, l’univers de la pensée humaine, de l’opinion humaine, l’occasion est là, la route de la renommée immortelle s’ouvre devant lui, droite et sans embarras. Tout ce qu’il a à faire est d’écrire et de publier un tout petit livre. Le titre devrait être simple, quelques mots ordinaires : « Mon cœur mis à nu». Mais ce petit livre devrait être fidèle à son titre.»
Edgar Allan Poe, Marginalia
Graham's Magazine, January, 1848
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Après Rome, Paris ou Berlin, New York s'est imposé comme véritable mythe littéraire. Par-delà les œuvres fondatrices (Manhattan Transfer de Dos Passos, Amerika de Kafka, New York de Morand et Voyage au bout de la nuit de Céline), de nombreux romanciers français se sont également emparés de ce mythe, profitant de sa fluidité pour se l'approprier, le remodeler, le déformer. C'est l'ensemble de cette production, de 1945 à nos jours, que l'on se propose de parcourir ici. Textes encore très proches de l'essai, récits d'aventures à coloration exotique, genres et figures hérités de la tradition transposés sur cette nouvelle scène, imitations de la paralittérature américaine, exploration de toutes les formes de marginalité urbaine, manipulations d'un matériau poétique avec le Nouveau Roman, la littérature française offre, on le voit, un vaste éventail. Au sein de cette variété, souvent le référent urbain cède le pas à un répertoire new-yorkais, tant littéraire qu'iconographique, enrichi des apports du cinéma, de la bande dessinée et des arts plastiques. New York s'ouvre à toutes les formes d'écritures romanesques, à toutes les expériences littéraires. Chaos mythique de la modernité, cette capitale devient l'horizon fabuleux du roman français.
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Dans cette étude, Jérôme Meizoz montre comment durant l’entre-deux guerres, dans l’aire francophone, se met en place un roman parlant. Cette innovation trop peu remarquée jusqu’ici, engage une voie capitale du roman au XXe siècle : le récit sy fait passer pour un bouche-à-oreille immédiat et parvient à occulter la médiation de l’écrit. Par le biais des nouvelles poétiques de l’oral, les romanciers, de Louis-Ferdinand Céline à Louis Aragon, de Jean Giono à Raymond Queneau, Blae Cendrars, C.F. Ramuz ou Henry Poulaille, tiennent sur la langue littéraire un discours critique, contre l’étroitesse normative de la grammaire traditionnelle. Le récit oralisé va ainsi susciter, durant deux décennies, de vifs débats entre écrivains et critiques, mais aussi entre grammairiens (Thérive, Hermant), linguistes (Bally, Vendryès, Frei) et pédagogues (Freinet).
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Bête noire des critiques et des bibliographes, les supercheries occupent une place obscure, et parfois honteuse, dans l’histoire de la littérature française. Si l’usage du pseudonyme est un subterfuge banal, il est plus rare – et plus grave, aux yeux des censeurs sourcilleux – qu’un homme ou une femme de lettres attribue ses propres écrits à un être imaginaire. En occultant provisoirement sa responsabilité personnelle, en laissant croire à la réelle existence d’un personnage de pure invention et à l’authenticité de ses œuvres, le simulateur se rend coupable de supposition d’auteur. Sont ici réunis une trentaine d’auteurs effectivement supposés par des écrivains célèbres (Sainte-Beuve, Mérimée, Louÿs, Gide, Larbaud, Apollinaire, Vian, Queneau, Gary…) ou de moindre renommée (Desforges-Maillard, Fabre d’Olivet, Vicaire, Picard, Gandon…). Le corps de l’ouvrage comprend une partie strictement anthologique où figurent, d’un côté, les textes de présentation (généralement biographiques) relatifs aux auteurs supposés, de l’autre, plusieurs " morceaux choisis " de leur production. Des notices spécifiques précisent en outre comment furent conçues, puis reçues, " la vie et l’œuvre " de chacun.
En fin de volume, une étude de synthèse examine l’ensemble des techniques utilisées dans ce genre de supercherie : une typologie des auteurs imaginaires et des auteurs pseudonymes permet de cerner en particulier les différences entre texte apocryphe, plagiat, pastiche et mystification proprement dite. L’analyse de ces stratégies falsificatrices s’appuie régulièrement – au besoin pour les critiquer – sur les travaux de Barbier, Quérard, Nodier, Lacroix, Lalanne, Augustin-Thierry et Wirtz, tous experts en ces délicates et brûlantes questions de littérature légale.
Jean-François Jeandillou, Professeur à l’Université Paris X-Nanterre, est membre de l’Institut universitaire de France. Il a notamment publié un essai sur l’Esthétique de la mystification (éd. de Minuit, 1994) et l’Analyse textuelle (Armand Colin, 1997).
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Prométhée, c’est le symbole de l’intelligence humaine, de la création, de l’art et de la science; c’est aussi le savant torturé par la recherche, le philosophe par la vérité, le révolté contre toute autorité, le premier champion de la liberté métaphysique. Eschyle, Boccace, Calderon, Goethe, Schelley, Bourges entre autres furent fascinés par le voleur de feu. L’ouvrage de Raymond Trousson déploie l’éventail des interprétations dont le héros de la mythologie grecque a fait l’objet en même temps qu’il décrit son évolution chronologique à travers la littérature occidentale. C’est l’odyssée séculaire d’un des symboles inhérents à notre conscience que nous voyons se dérouler au fil des pages.
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